Marquis de Bièvre
François-Georges Maréchal
(1747-1789)

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Lettre écrite à Madame la comtesse Tation,
par le sieur de Bois-Flotté,

Etudiant en droit-Fil – Ouvrage traduit de l’Anglois*
(1770)


La Comtesse Tation

EXTRAIT DE LA VIE DE L’AUTEUR

Le Sieur de Bois-Flotté naquit le 4 Octobre 1747, dans le sein d’une famille honnête, et d’ailleurs connu depuis long-tems par ses alliances avec les Scieurs de Long et les Sieurs de Pierre. Son père lui trouvant des dispositions pour le Barreau, lui fit commencer son Droit dès qu’il eut atteint l’âge. C’est là l’époque de sa liaison avec Madame la Comtesse Tation, qui lui permit de lui dédier sa première Thèse.

L’année d’après, l’Abbé Quille, neveu du Bacha Bilboquet étant mort, le sieur de Bois-Flotté écrivit sa vie et l'envoya à Madame la Comtesse Tation, qui avait eu beaucoup d’amitié pour son oncle. Cette Lettre lui valut les remercimens les plus flatteurs de la part de cette Dame, qui l’honora toujours depuis de ses bonnes graces et de sa protection. Il n’en jouit pas long-tems ; ses travaux excessifs pendant l'hyver de 67 lui occasionnèrent une fluxion de poitrine qui l'emporta le 3 Février à une heure après midi, regretté généralement de ses amis, et de tous ceux qui l'avoient connu (a).

******

Oui, madame la Comtesse, j'ai sçu l'intérêt vif et sensible que vous avez pris aux faits et gestes de main, et à la mort du Bacha Bilboquet, vous et beaucoup d'autres Dames Polonoises connues par leur goût éclairé pour les Comtes de Lyon à dormir debout et de crachat ; c'est ce qui m'engage à vous offrir la vie de l'Abbé Quille, son neveu, que nous venons de perdre bien malheureusement. Le rapport d'estomac qu'il a avec son oncle m'a fait croire que vous y prendriez la même part de gâteau.

C'est pourquoi, sans balancer, j'ai été prendre ma chaise de poste, je me suis mis à mon secrétaire du Roi, j'ai demandé une plume de Héron, un cornet de dragées. J'entre enfin en matière fécale.

L'Abbé Quille descendoit en droite ligne de compte d'un eunuque blanc de poulet de Mithridate Roi du Pont mon ami ; son père le mit d'abord dans une école de Trictrac, et ensuite dans une pension viagere où on lui donna tous les maîtres de maison possibles ; un maître en fait d'armes parlantes, un maître de dessein prémédité, et un maître à chanter pouille, etc., etc. Il fit d'autant plus de progrès, qu'il avoit beaucoup de mémoire d'Apothicaires, et un goût pour l'étude qui n'avoit point de bornes des rues. A douze ans il connoissoit déjà toutes les langues fourrées ; à treize, il fit une Ode en vers luisans, qui lui valut le prix de l'Académie de Dugat ; à quatorze, il nous donna une pièce de deux sols en cinq Actes de Contrition, qui de l'aveu de tout le monde étoit un chef d'oeuvre de l'art rance. Ce fut à cette occasion qu'on lui envoya une meute de chiens dent et un superbe couteau de chasse marée. L'année d'après il parut dans le monde dans tout son lustre de cristal de roche : aussi on peut dire qu'il y débuta avec le grand éclat de bombe, ayant accès de fievre auprès des plus grands Seigneurs.

Pour faire son entrée dans son Abbaye, il se fit faire par son tailleur de pierre (1), un habit de velours à ramages de rossignol, et à fleurs d'eau, brodé en argent comptant, avec des manches à ballets, des poches de maître à danser, et des revers de fortune. Son Perruquier vint le friser (2), lui fit plus de trente boucles d'argent de chaque côté, et le poudra avec de la poudre d'or. Ensuite il se mit au col un rabat joie et une fraise de veau. Mais ce qu'il avoit de plus précieux que tout cela, c'étoit sa mine du Pérou, sa figure de Rhétorique, son air à boire, et son port frais.
 
A son arrivée on sonna toutes les cloches de melon (3), on fit battre la caisse d'escompte, on tira quinze cents boëtes à bombons et plus de mille coups de canon de seringue. Il s'y comporta à merveille ; tout ce qu'on lui reprochoit, c'étoit de dire trop de fagots d'épine, de consommer trop de bois à ma santé dans les tems de gelée de groseilles, de faire va tout au berland avec des flux de ventre, et de manger toute la journée des pommes de carrosses et des poires d'angoisse, d'autant plus qu’il en eut vingt-quatre heures après la foire de Bezons. Mais il répara tout cela par son beau sermon qu'il prononça dans une chaire de Commissaire, qu'on avoit fait faire exprès, où il fit entendre que le monde avait été tiré du cahos de charrette, que dans la Semaine Sainte on ne devait pas même se permettre un plat de marée chaussée, qu'au Jugement dernier il y aurait beaucoup d'appellés, mais peu d'élus de Province, par conséquent, beaucoup de condamnés.
 
Hélas ! ce fut en sortant de là qu'il rencontra dans une ruelle de veau un dragon volant (4), qui lui marcha sur le pied de la lettre. Dans le premier mouvement de pendule, l'Abbé Quille lui donne un soufflet de forge, à quoi l'autre répond par un coup de pied en cap dans le cul, et un coup de poing d’Argentan (5) par le nez. Epées tirées, l’Abbé Quille, à la première botte de cuir, reçoit un coup de Théâtre qui lui fait perdre une quantité prodigieuse de sang sue, quoiqu'il m'ait juré, l'année d'après, qu'il ne lui fit pas plus mal pour le moment, qu'une piqure de mouche de Police. Arrive le guet à pend, qui l'emmene chez lui, où il meurt deux heures après.

Le lendemain, son corps de garde fut mis dans une bière de Mars, pour être porté en terre cuite. Tous les Religieux de son Abbaye accompagnerent le convoi dans l'ordre qui suit :

Le Pere Foreur commençoit la marche ; venoient ensuite le Pere Igord, le Pere Manant, le Pere Pignan, le Pere Sonnage, le Pere Fide, le Pere Uquier, le Pere Iode, le Pere Emptoire, le Pere Severant, le Pere Nicieux, le Pere Istile, et enfin le Pere Sécuteur ; Le Pere Clus suivoit de loin à cause de ses infirmités, de même que le Pere Pendiculaire, à cause de son grand âge. Lorsque le convoi fut arrivé, le Pere Mèsse commença le Service de porcelaine, le Pere Turbateur faisant l'Office de Grand-Maître des cérémonies, le Pere Soreille toucha de l'orgue, le Pure Pétuel joua du basson ; on chanta une Hymne de la composition du Pere Vers, et le Pure Oquet prononça l'Oraison funebre.

Le soir on donna un grand repas où l'Abbé Daine et l'Abbé Gueule furent invités ; on les pria d'amener avec eux l'Abbé Casse et l'Abbé Cassine ; sans oublier l’Abbé Chamel, l'Abbé Rigoule, l'Abbé Trave, l’Abbé Quée, et même l'Abbé Toine. L’Abbé Tise et l'Abbé Vue, qui n'avoient point été priés, s'y trouvèrent cependant, de même que l’Abbé Nédiction et l'Abbé Nignité, et en général, tous les amis du défunt ; au dessert on chanta des couplets en son honneur. Ensuite il y eut un violon (6). L'Abbé Attitude dansa une Allemande avec une jeune Dame de Trictrac.
 
Ainsi se termina cette auguste cérémonie, qui n'étoit qu'un hommage dû à la Mémoire de l'Abbé Quille. Mais une gloire plus solide, plus vraie, plus rare, c'est l'avantage inoui qu'il a eu de voir à la fois dans son Abbaye quatorze Saints et trois Saintes ; sçavoir, Saint Ure, Sainte Onge et Sainte Axe ; Saint Doux, Saint Uron, Saint Foin, Saint Gerie, Saint Phonie, Saint Pathie, etc.

Voilà, Madame, en peu de mots ce qui fonde l'estime et la reconnoissance que la postérité aura pour l'Abbé Quille. Je joins encore à ceci les sentiments patriotiques et les réflexions utiles de ce grand homme. Vous y trouverez aussi une clef qui servira d'explication pour ceux qui ne l'ont pas assez connu. Puisse cet hommage m'assurer votre confiance et votre estime, avec laquelle je suis,

MADAME LA COMTESSE,
  Votre très-humble et
     très obéissant serviteur
           DE BOIS-FLOTTÉ,
            Étudiant en Droit-Fil.


Notes :
* Amsterdam (Paris), aux dépens de la Compagnie des Perdreaux. Cette facétie prouve que la maladie des jeux de mots et des calembours régna aussi au XVIIIe siècle, c'est pourquoi nous la réimprimons à titre de curiosité. Les gravures sont les fac-similés exact de celles qui ornent la plaquette originale. (Note de l'Editeur).
(a) Cet extrait a été tiré d'un nouveau Nécrologe des hommes illustres qui va paroître incessament.
(1) Ce fut le Bret, Tailleur, qui fit cet habit. Une Personne en perruque à trois marteaux de porte, qui a beaucoup d'esprit de vin, et qui est bien digne de foi de poste, m'a assuré avoir lu un billet manuscrit, par lequel cet homme remercie l'Abbé Quille d'avoir fait par-là sa fortune du pot, en lui procurant un nombre prodigieux de pratiques de Polichinelle.
(2) Ce Perruquier étoit un drôle de corps de réserve : ce dont il s'occupoit le moins, c'étoit de son métier de Tapisserie. Entre autres il aimoit passionnément la Chasse au vol arcs avec effraction, et dès le mois d'Août il étoit toujours en plaine Académie. Un de ses grands plaisirs encore étoit de faire des bons hommes avec des marons-dindes aux truffes. Ce fut lui qui imagina le premier les pierres de composition des Prix. Il lut un jour devant plusieurs Peintres de la connaissance de l'Auteur un traité à bouche que veux-tu, dans lequel il prouvoit assez bien la supériorité de son art sur celui de la Peinture. Il concluoit par ces mots : vous conviendrez au moins, Messieurs, que si vous peignés sans peigne, nous, nous peignons sans pinceau. Malgré tout ce clinquant, l'Abbé Quille n'en fut pas la dupe. Comme il lui montroit un tableau de ses dettes, l'Abbé lui dit froidement, qu'est-ce qui l'a peint mollet, c'est moi de Février ? c’est-toi de maison ? Eh bien ! mon cher rase campagne, frise la corde, mais ne peint point du jour : voilà de ces traits d'arbalêtre qui caractérisent et qu'on ne peut pas lire d'Orphée, sans une admiration mêlée de transport au cerveau.
(3) Je suis étonné qu'on ait passé si légèrement sur les circonstances de cette fête mobile. On ne sera peut-être pas fâché d'en voir ici un plan de tilleul. L Abbé Quille traversa d abord deux cours de ventre, magnifiquement illuminés, au milieu des acclamations les plus flatteuses. Ici on lui faisoit une harangue en Prose des morts, là on lui récitoit des pièces d’estomach, en vers et contre tous ; plus loin on lui chantoit des airs rébarbatifs. Ce fut ainsi qu'il fut conduit dans un superbe jardin planté de pins d’un sou, ou de belles serres d’épervier renfermoient les plantes des pieds les plus rares. Un riche parterre d’Opéra offroit aux yeux mille plattes-bandes de voleurs, garnies de fleurs de Rhétorique. Un Canal immense, couvert de cignes de tête, et rempli de poissons d'eau-de-vie, en rompoit l'uniformité. L’Abbé Quille charmé de la beauté de ces lieux à l''Angloise, y fit plusieurs tours de passe-passe avant de rentrer. Enfin, il prit le chemin du Château, à peine eut-il monté quatre marches des Gardes Françoises, qu'une porte à deux battants de cloche s'ouvrit, il entre, et traverse douze pièces de drap, terminées par un Sallon tout en glaces à la Vanille. Il y donna sa premiere audience couché sur une bergere des Alpes, le reste de la compagnie des Indes étant assis sur des cabriolets à quatre roues. Comme on sçavoit qu'il aimoit beaucoup les oiseaux, au lieu de lustre, on avoit suspendu au plafond une cage dorée, dans laquelle étoit un serein humide qui avoit des ailes de moulin toutes charmantes, et un bec à corbin tout-à-fait joli. Le lendemain en se promenant, il trouva sa basse-cour remplie de paons de murailles.
(4) Cette aventure extraordinaire mérite d être rapportée plus au long du mur : voici comment le fait arriva. C'est l’Abbé Quille qui écrit lui-même à l'Abbé Sicle, son parent.

Monsieur et cher parent,
   
de poissons ; on a pris le Dragon, mais comme il s'étoit bien conduit, on s'est contenté de le mettre à l'amende Il faut que je vous raconte une histoire bien singulière qui m’est arrivée avant hier sur les trois heures après-midi ; je m’en souviens comme s'il n'y avoit que quatre jours. Figurez-vous qu’en sortant du Sermon, ayant besoin de prendre l'air de clavecin, je me promenois à pied d'alouette, et faisois suivre ma chaise percée ; point du tout, je vis ma voiture qui tomboit dans un trou-Madame. Mes chevaux pour la relever, donnerent un si vigoureux coup de collier de perles, qu'ils éclabousserent tout le quartier d'agneau. Un Dragon volant entr'autres qui faisoit troter son cheval à la longe de veau, en eut ses bas d'ane tout couverts. Cet homme se fâcha, j'eus beau lui dire que s’il avoit eu des bottes secretes, cela ne lui seroit pas arrivé, il en fallut venir aux prises de tabac avec lui ; à la première botte d'asperges, je suis tombé sur mes fesses-Mathieu, blessé jusqu'au vif-argent. La Garde malade est arrivée en criant arrête, arrête douce ; depuis ce tems-là, j'ai toujours conservé une dent de sçie contre lui. Mais je sens que je m'affoiblis, j'ai peine à soutenir ma plume : j'ai la fièvre chaude depuis hier, de sorte qu'on a été obligé de me lier les quatre membres de période. Adieu, je vous aime de tout mon coeur de laitue, et de toute mon ame de violon.

L'ABBÉ QUILLE.

Bien des choses de ma part aux deux amis, l'ami Graine et l'ami Traille.
   
La partie étoit forte pour l'Abbé Quille. Son adversaire arrivoit tout récemment du camp dira-t-on, où l'on venoit de faire un siege de paille. Après trois heures de tranchée en deux, il s'étoit logé dans le chemin couvert d'argent ; de-là il étoit entré par la bréche-dent, et malgré huit coups de feu son pere, qu’il avoit reçus au premier assaut de politesse, il s'étoit emparé presque seul du fort en diable, de sorte que les ennemis n'ayant plus de poste aux lettres qui resistât, furent obligés de rendre la ville canaille. Tel étoit l'homme à qui l'Abbé Quille avoit à faire.
(5) Le texte porte, par un coup de poing-d'orgue. Un autre manuscrit, coup de poing d’interrogation. Le Traducteur ne sachant auquel donner la préférence, a mis coup de poing d'Argentan. Qui pourra jamais arracher le voile de Religieuse, qui dérobe à nos yeux la vérité ?
6) Il y avait dans l’original que le Pere Sifleur jouoit du flageolet pendant l’Allemande. On a cru que cette circonstance n’étoit point dans nos mœurs. Ce soin que l’Auteur a toujours pris scrupuleusement, est peut-être ce qui fait le plus grand mérite de son ouvrage à corne.

La Comtesse Tation


Sentiments Patriotiques,

ET Réflexions utiles de l'Abbé Quille recueillis avec soin par
le sieur de Bois-Flotté, Etudiant en droit-fil.



Il disoit que les Cardinaux étoient des Soupapes (1).

Que les Marchands de vins (2) devoient prédire l'avenir.

Que pour rebattre tous les matelats de Paris, c'étoit l'affaire d un quart d'heure (3).

Que si le Royaume    d Espagne tomboit en quenouille, il faudrait se servir de pain à cacheter, parce qu'alors il n'y auroit plus de cire (4) d'Espagne.

Que le jeu étoit nuisible à la santé, lorsqu'on perdait, et même lorsqu'on ne gagnait point ; qu'il était bien aisé alors de s'appercevoir que l'on étoit sanguin (5).
 
Aussi ne vouloit-il jouer au Trictrac ou au Passe-dix, qu'avec des gens parfaits, parce qu'il prétendoit qu'il y avoit un danger réel à jouer avec un homme qui auroit un seul défaut (6).
 
Il trouvait les Inspecteurs de Haras un peu lestes depuis qu'il les avoit vus parler à de grands Princes en leur montrant les talons (7).
 
Il ne pardonnoit l'amour propre qu'aux Moissonneurs : il est tout naturel, disoit-il, qu'un Moissonneur s'aime beaucoup (8).
 
Il disoit que si nous avions malheureusement des enfants naturels que nous ne voulussions point voir, il falloit prendre un Bonnetier extrêmement diligent, afin qu'on n'apportât point nos bâtards (9) chez nous.
 
Il vouloit que tout le monde, fut-ce un Prince, fit arrêter son carrosse devant un Enterrement, de peur que les chevaux ne prissent le mords (10) aux dents.

Il prétendoit que les Favoris d'Apollon avoient tôt ou tard un sort funeste, hommes ou femmes. Que Daphné avoit été changée en laurier, et Poinsinet en noyer (11) (*).
  
Un de ses amis venant lui apprendre la mort d'une soeur qu'il aimoit, ** et la seule qu'il eut, lui faisoit des reproches de ce qu'il ne paroissoit pas assez sensible. L'Abbé Quille lui répondit sèchement. Monsieur, ne frondez personne : désormais ce soin ne regarde que moi,  puisque malheureusement me voilà Censeur (12).

Comme on lui demandoit lequel il préféroit de Le Kain ou d'Arlequin, il répondit, que tous deux étoient certainement de grands Acteurs, mais qu'Arlequin  avoit un art (13) que Le Kain n'avoit point.

Il disoit que la Salle de l'Opéra devoit être beaucoup plus propre que celle des autres Spectacles, parce que les Ballets en étoient infiniment meilleurs (14).

Il critiquoit beaucoup la nouvelle Salle, sur ce qu'il n'y avoit pas une seule Loge d'où on pût voir la Scène (15)

FIN comme Gribouille.


Notes :
(1) Soupapes, c'est-à-dire, sous-papes, comme Sous-Lieutenant, etc.
(2) De vins, c. à d. Devins, Sorciers.
(3) Quart d'heure, c. à d. Cardeur.
(4) Cire d'Espagne, c. à d. Sire ou Roi d'Espagne.
(5) Sanguin, c. à d. sans gain.
(6) Défaut, c. à d. dé faux, ou dé pipé.
(7) Les talons, c. à d. l'étalon.
(8) S'aime beaucoup, c à d seme beaucoup.
(9) Bâtards, c. à d. bas tard.
(10) Le mords aux dents, c. à d. le mort aux dents.
(11) En noyer, c à d. en noyé ; c'est un fait dont une Riviere d'Espagne a été témoin.
(12) Censeur, c. à d. sans Soeur.
(13) Un art que Le Kain n'a point, c. à d. un ar, les deux premières lettres du nom d'Arlequin.
(14) Ballets, c. à d. les danses, etc., etc.
(15) Scène, c. à d. la Seine.

* Il est inoui qu'on ait confondu un pareil rebus parmi les sentiments patriotiques de l'Abbé Quille, lui qui avait tant de ressorts à la Dalême dans l'ame, et qui ne pouvoir souffrir ce maudit genre feminin qui fait malheureusement tant de progrès dans la Société Royale de Londres.
  Ce fut un mauvais plaisant, qui croyant dire un bon mot, bazarda celui dont il est ici question. L'Abbé Quille en haussant les épaules, lui répondit, pour vous, Monsieur, il y a long-tems que votre métamorphose est faite, et que vous avez été changé en Platane (a). Quelques jours après un autre voulut dire que la beauté la plus régulière n'étoit pas belle en toussant (b). En vérité, Monsieur, reprit-il, voilà un beau mérite, de dire des choses qu'on ne devinerait pas en sentant (c) ; c'est ainsi qu'il repoussoit avec leurs propres armes, ceux qui l'assassinaient aussi cruellement. Mais lorsque l'intérêt public, ou quelque soin particulier l'exigeoit, il permettoit tout à son imagination. C'est ce qui lui fit dire un jour que pour ne pas se crotter dans les rues de Paris, il falloit ne pas aller jusqu'au bout (d) ; qu'à Athenes, à Corinthe, etc. les oiseaux faisaient leurs petits dans un y (e). C'est par une suite des mêmes principes qu'il fit planter six Ifs, dans un bosquet de son jardin, pour y faire prendre le caffé aux Dames qui dinoient chez lui.
   Là il leur disait, Mesdames, entendez-le comme vous voudrez, mais voilà l'endroit décisif (f). Les deux faits suivants acheveront de prouver ce que j'avance.
   Rien n'égaloit la blancheur de ses mains, et comme une Dame très aimable lui en faisoit compliment ; il lui fit cette réponse charmante. Je n'y conçois réellement rien, Madame, car je me les suis peut-être lavées deux fois au College, tout au plus, et de bonne foi, je ne me suis jamais servi d'eau depuis (g). Une autrefois, comme on parloit devant lui d'un homme qui avoit la voix si flexible, qu'il en faisoit tout ce qu'il vouloit ; oh ! reprit l'Abbe Quille, je suis bien sur qu'il ne vaut pas mon Pâtissier qui fait jusqu'à des biscuits de sa voix (h)
** Mademoiselle Quille.
(a) Lisez plat âne.
(b)     "    en tout sens.
(c)     "    en cent ans.
(d)     "    jusqu'aux boues.
(e)     "    dans un nid grec.
(f)     "    l'endroit des six ifs.
(g)     "    d'eau de puits.
(h)     "    des biscuits de Savoye.


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