Denis Bogros
(1927-2005)

leaf.gif

Les Chevaux de la cavalerie française à la fin du XVIIe siècle
(1991)

A la fin du XVIIe siècle, les troupes montées étaient réparties en trois catégories distinctes : la Maison du roi et la Gendarmerie, la Cavalerie (dite légère), les Dragons. Il faut savoir en outre, pour bien cadrer le sujet, qu'en ce siècle la cavalerie dans son ensemble a fortement diminué d'importance dans l'armée royale, au profit de l'infanterie (1).

Mais évoquons d'abord l'emploi des chevaux dans les autres armes et services de la Guerre (2).

Dans l'infanterie on comptait 6 à 8 chevaux pour trois charrettes d'équipage par compagnie ; à la charge du propriétaire de chaque compagnie.
L'artillerie ne possédait pas de chevaux. Ses commissaires passaient des contrats de louage de chevaux à des tarifs journaliers, contrats à durée indéterminée. Ces chevaux devaient être rassemblés par brigades de cent, avec le personnel civil adapté : charretiers, bourreliers, etc. (3). L'intégration des convois ainsi formés, dans le mouvement des armées, était assurée par ces commissaires - chacun commandant un équipage (formé de 5 brigades au maximum) -, assistés des capitaines des charrois, officiers spécialistes de l'encadrement des charretiers civils.
Enfin, il faut citer les transports de l'intendance. De la même façon que pour l'artillerie, ils étaient attribués par adjudications locales des commissaires des guerres à des entreprises de charroi, dont certaines se spécialiseront dans ce commerce. Ce système fonctionnera ainsi jusqu'à la fin du XVIIIe siècle.

Utilisant des chevaux de tirage au pas, la fourniture d'animaux de traction pour ces « trains » ne semble pas avoir posé de problèmes. Tout le monde sait que les paysans qui peuplaient la France étaient des laboureurs. Au cours des siècles ils ont créé les meilleurs chevaux de trait de l'Europe. Notons, bien sûr, que dans les pâturages des landes et des hauts plateaux il existait quelques bons chevaux de portage, élevés derrière les bêtes aumailles. Ce seront les meilleurs chevaux de selle de troupe que notre pays produira, en quantité insuffisante, hélas !

L'élevage du cheval dans le royaume

C'est de la production chevaline dans le royaume que l'on doit parler d'abord. Fernand Braudel s'est posé la question de savoir « pourquoi le cheval continue à s'élever à la veille de la Révolution [...] comme au temps de la guerre de Cent Ans » (4). Il a dénoncé ainsi la désuétude de l'élevage du cheval dans les temps modernes. Jacques Mulliez avait déjà signalé que, dans la France d'alors, « l'élevage du cheval est [...] une activité marginale » (5) par rapport à celui des bovins, beaucoup plus rentable. C'est pourquoi le royaume fut toujours déficitaire en chevaux de tirage rapide, et surtout en chevaux de selle.

C'est la raison qui a conduit Colbert à s'intéresser à la question. Par la circulaire du 5 juin 1663, il fait savoir que la promotion de « l'élevage des chevaux » (6) dans le royaume est avantageuse pour le roi et ses sujets « tant pour avoir en temps de guerre le nombre de chevaux nécessaires pour monter sa cavalerie » que pour ne pas dépenser tous les ans des sommes considérables dans les pays étrangers. L'arrêt royal du 17 octobre 1665 organise les haras dans le royaume ; il sera complété par l'arrêt de 1683 (7). Au cours de la période qui s'étend de 1665 à la mort de Louvois en 1691, l'État a tenté d'agir sur la production chevaline par des incitations (suppression d'impôts, privilèges nouveaux, etc.) et par la distribution d'étalons de qualité dans les provinces d'élevage du cheval. L'arrêt de 1665 dispose que les étalons propres au « carrosse » seront répartis sur les côtes de la mer, de Boulogne jusqu'à la Garonne par la Bretagne (8). II s'agissait de chevaux entiers achetés en Frise, en Hollande et au Danemark. Quant aux barbes, achetés en « Barbarie », ils seront, dit ce même arrêt, envoyés dans le Poitou, la Saintonge et l'Auvergne. C'est le sieur Garsault, écuyer de la Grande Écurie, qui sera chargé de la distribution des étalons. On aura remarqué que l'Alsace et la Lorraine ont été oubliées, bien que provinces de grande production chevaline. Peut-être l'intégration au royaume des Trois-Évêchés et de l'Alsace n'était-elle pas encore réalisée dans les esprits des Parisiens, conseillers du roi ?

On aura remarqué aussi qu'à part les trois provinces du Centre l'ensemble de la France ne devait produire que des chevaux de tirage, les carrossiers. C'était la prise en compte de la réalité française. Mulliez écrit (9) que « la demande sans cesse croissante des animaux de trait tant pour le carrosse que pour le tirage a [...] favorisé les races qui servaient à la culture ». C'était la logique de l'économie rurale du royaume. Car la France n'a jamais produit - à un niveau significatif - de chevaux de selle de guerre. Dès la fin du XVIe siècle, l'ambassadeur de Venise en faisait la remarque : « Le royaume n'a point, à la vérité, de race de chevaux de guerre. » (10) En réalité, dans la Maison du roi, la Gendarmerie et la Cavalerie, le cheval d'armes, à la fin du XVIIe siècle, était bien le carrossier (11). Ce cheval de brancards (ou de limons) pouvait convenir pour une cavalerie qui à cette époque - nous le savons - n'était qu'une arme de complément de l'infanterie ; une cavalerie qui ne pratiquait au combat que la caracole (12) au trot, et quelques mêlées... comme à Neerwinden en 1693 (Mémoires de Saint-Simon).

La question qui se posait à Colbert était donc la production d'un bon carrossier en quantité suffisante pour que la cavalerie puisse en acheter, après le secteur civil, toujours prioritaire en France. L'administration de Louis XIV a-t-elle atteint cet objectif ? Avec Mulliez (13), on doit reconnaître que ce fut un échec. Citons un expert étranger du XVIIIe siècle, Hartmann, conseiller du duc de Wurtemberg : « L'État français se vit obligé, dans les guerres de 1688 et 1701, d'acheter des chevaux chez l'étranger pour plus de cent millions. » (14) Bonne affaire pour les marchands de chevaux : dans les cas d'urgence il fallait bien passer par eux. Car, en principe et en temps normal, les capitaines-propriétaires achetaient sous contrôle les chevaux de leur compagnie. Ils recevaient du ministère des « routes » pour des « recrues » et des « remontes » (15).

La remonte des troupes montées à la fin du XVIIe siècle

Louvois, auquel son père avait tout appris, a noté très tôt que dans la cavalerie (16) « les officiers n'assistent point les cavaliers » - ce qui veut dire qu'ils n'instruisent pas leur troupe ? - et que « les chevaux faute de nourriture sont en mauvais état ». Pourtant on lui attribue (17) l'inspiration de cette déclaration extraordinaire : « on veut bien, en France, qu'un capitaine fasse sa "métairie" [...] de sa compagnie », ce qui veut dire en clair qu'il l'exploite à son profit ! Aveu qui nous choque, même s'il est suivi de cette incantation : « Mais on veut aussi qu'il la cultive en même temps. » Ce qui semblerait vouloir dire que le secrétaire d'État de la guerre espère que les capitaines entraîneront leur unité jusqu'à un niveau opérationnel ; ce qui n'était pas le cas, selon ses propres observations.
La vérité était que la gestion des corps et des compagnies lui échappait (18). Les colonels, sortes d'entrepreneurs, levaient des régiments et, pour ce faire, s'adressaient à des capitaines, sortes de sous-traitants. Malgré les risques importants (guerres, pertes par maladies, licenciements), ces entreprises dégageaient, sans aucun doute, de bons bénéfices. La preuve en est la hausse des prix des régiments et compagnies, observée en cette fin de siècle (19). Louvois dut, en 1690, limiter les premiers à 25 000 livres, les secondes à 12 000.

Tout au long de son règne, aidé par Le Tellier et Louvois, Louis XIV a tenté de se servir au mieux de ce système militaire délabré, hérité d'un passé féodal périmé. En 1680, le secrétariat de la guerre comprenait sept bureaux qui se partageaient l'administration de l'armée (20). L'un d'entre eux délivrait les ordres de mission nécessaires afin d'assurer et le « recrutement » et la « remonte » ; et ce, durant la période des « quartiers d'hiver ».

C'est précisément en 1680, relève le grand Robert de la langue française, qu'apparaît le mot « remonte ». Il signifie « action de fournir de nouvelles montures » ... « à la cavalerie » ajoute le vieux Littré. Quant au Dictionnaire militaire [...] de tous les termes propres à l'art de la guerre (21) dédié à Turenne, colonel général de la cavalerie légère, il nous apprend qu'au Grand Siècle la remonte d'un cavalier consiste à lui fournir un cheval quand il est démonté [...] et [...] qu'un capitaine doit comptabiliser ce qu'il a dépensé pour la remonte de ses cavaliers. Le chapitre sur les remontes se termine ainsi : « Comme les routes des remontes s'expédient de la même manière que les routes des recrues, je renvoie au mot Recrues [...] pour se conformer aux ordonnances du Roi données à ce sujet. »

Parmi celles-ci nous retiendrons celle de Louis XIV du 5 mars 1686. Chaque année, les majors des régiments devaient envoyer, au commencement des quartiers d'hiver, au secrétaire d'État de la guerre les « mémoires des routes dont chaque capitaine a besoin [...] pour [...] les chevaux de remonte de la compagnie ». On peut considérer cette pratique d'achats directs des chevaux par les capitaines-propriétaires, sous le contrôle du secrétaire d'État à la guerre, comme constituant un embryon d'organisation des remontes des troupes montées. C'est à mettre à l'actif de Louvois.

Nous sommes en 1680, et la cavalerie, qui commence sa transformation, aurait dû définir son cheval de troupe. Question difficile, qui ne sera pas encore résolue à la veille du XXe siècle ! Eh bien ! de façon pragmatique sans doute, Louvois tentera de le faire. On découvre cet effort méritoire à travers les ordonnances fixant les tailles... et leurs commentaires. Ce cheval est d'abord un « carrossier » de grande taille (pour l'époque) : 1,59 m ; sans doute pour la Maison du roi et la Gendarmerie, dont les missions principales étaient les escortes royales au trot ; par ailleurs troupes permanentes réglées sur l'ordinaire de la guerre.

Ayant fait la paix à Nimègue, Louis XIV voulut sans doute améliorer aussi sa « cavalerie » qui était réglée, quant à elle, par l'extraordinaire de la guerre et de la cavalerie légère (22). Par ordonnance du 25 septembre 1680, il fixa la taille des chevaux pour cette arme (la cavalerie) à 1,50 m. Mais, un mois après, il reprit toute la question dans l'ordonnance du 25 octobre 1680. Les raisons données sont remarquables (23) : « Louis XIV, informé que les chevaux de la taille ci-dessus étoient extrêmement chers [facteur économique] et considérant que ceux de moindre taille subsistoient plus aisément [facteur résistance] et suportoient mieux la fatigue [facteur endurance, ces deux derniers facteurs étant véritablement militaires] ordonne [...] » ; suivent les nouvelles tailles dont nous citons les minimums : gendarmerie, 1,45 m ; cavalerie, 1,42 m ; dragons, 1,37 m. C'est une des rares tentatives faites en France pour définir les chevaux de selle de guerre de troupe, non seulement par les tailles ; mais aussi par les qualités nécessaires aux chevaux en campagne de guerre (24).

Mais les réalités économiques l'emporteront, et les cavaliers français devront combattre avec du mauvais « matériel-chevaux». Car, nous l'avons dit, l'élevage du cheval était en crise dans la France de la fin du XVIIe siècle. L'ordonnance du 24 novembre 1691, modifiant à nouveau, à la baisse, les tailles minimums en apporte la preuve : cavalerie, 1,37 m ; dragons, 1,32 m (25). C'est une catastrophe. La cavalerie du royaume, qui ne manquera jamais de courage, est, globalement, à son niveau le plus bas. En effet, si on peut concevoir des dragons remontés de chevaux toisant 1,32 m - cette arme était alors une véritable infanterie portée, et non une cavalerie -, en revanche, il est difficile de croire qu'une cavalerie (occidentale) ait pu atteindre un niveau opérationnel correct avec des chevaux mal nés et mal nourris, de 1,37 m ! D'autant plus que ces mesures étaient faites « à la chaîne » et non « à la toise », ce qui enlevait un à deux centimètres.

Ainsi, à cette époque, la remonte de notre cavalerie était très défectueuse. Mais, si l'on regarde de plus près cette cavalerie, on constate qu'elle était affligée d'autres infirmités, à mettre sur le compte de la gestion archaïque de l'armée royale, gestion obsolète dont les conséquences néfastes étaient aggravées dans les troupes montées, armes fragiles. Nous retiendrons trois défauts majeurs.

D'abord, le système des passe-volants. Il fonctionne aussi pour les chevaux. Bien plus, les capitaines utilisent les chevaux militaires pour leurs équipages personnels. Aussi les ordonnances (26) menaçaient-elles de punitions les capitaines s'ils détournaient des chevaux du service ; de même que les gendarmes, les cavaliers et les dragons qui se présenteraient aux revues sur un cheval d'emprunt, etc.

Par ailleurs, bien que les rations de fourrage (27) fournies par le roi aient été suffisantes - une livre de foin et un boisseau d'avoine (13 litres = 5 kg) - et qu'elles fussent très largement augmentées pour les officiers (6 à 12 fois suivant les corps), il n'en reste pas moins que les chevaux étaient le plus souvent sous-alimentés et, de ce fait, pas entraînés ; pratiques néfastes pour la préparation de la guerre. En fait, cette cavalerie n'était pas prête à faire campagne (voir note 31).

Il faut ajouter à cet inventaire une calamité particulièrement invalidante, qui frappait la cavalerie et, moins gravement, les dragons. Il s'agit de la fluctuation annuelle des effectifs, décidée par le roi qui licencie des corps ou en lève de nouveaux. Or, suivant le mot célèbre, « une cavalerie ne s'improvise pas ». Et pourtant, voici les chiffres, terribles (28) : en 1670, la cavalerie comptait 6 500 chevaux ; elle montait à 25 000 en 1672 puis à 47 000 en 1678, et retombait à 11 500 en 1680 pour remonter, avec des hauts et des bas, à 38 000 en 1690 ! Au plan opérationnel, c'était une absurdité. Et c'était très injuste pour les officiers qui avaient investi du capital pour le service du roi !

Dans ces conditions, comment espérer une organisation rationnelle de la remonte, et ceci dans un pays où l'élevage du cheval était en crise ? C'était impossible. Le système officiel de remonte des troupes durant les quartiers d'hiver était rendu inopérant.

Alors, le ministre, responsable de cet état de choses, devait intervenir. Par ses inspecteurs, commissaires ou intendants, il passait des contrats avec des entrepreneurs : des marchands de chevaux qui faisaient fortune car, en position de monopole, ils livraient le tout venant de l'élevage ou de l'importation. André Corvisier a écrit dans son ouvrage sur Louvois (p. 351) : « ... l'achat des chevaux se faisait sur les marchés de l'Est de la France, en particulier Metz, et dans les pays étrangers, dont l'Allemagne du Nord. » De telles importations supposaient des entreprises bien organisées. Fernand Braude1 (29) a abordé cette question dans son étude sur la généralité de Metz de 1672 à 1714. Il note, lui aussi, que l'intendant de Metz est favorisé pour les chevaux : « La Lorraine et l'Alsace sont en ce domaine les provinces les mieux dotées du royaume. De Metz on expédie des chevaux jusqu'en Italie, selon les besoins militaires. » Il note, en outre, que « [...] la colonie juive de Metz [...] rend à l'intendant les plus grands services. Ses représentants sont incomparables pour les achats de blé et de bétail [...]. Ils font à Metz une fortune [...]. » L'efficacité de ces marchands de chevaux importateurs apparaît dans plusieurs textes de l'Ancien Régime (30) « Leur force - ajoute Braudel -, ce sont leurs relations [...] » de Lyon à Amsterdam par Francfort.

Voilà ce que je peux affirmer dans l'état actuel de mes recherches sur le cheval de selle de guerre de troupe dans l'armée française à la fin du Grand Siècle. Ce n'est qu'un point sur une courte période au sujet d'une question essentielle qui mériterait d'être traitée sur la longue durée. Car il faut être conscient du fait que, jusqu'à la première guerre mondiale comprise, la qualité, plus ou moins bonne, du cheval de troupe que notre pays a pu fournir aux différentes armes de son armée a été l'un des facteurs les plus sensibles de leurs capacités opérationnelles (1812, les colonnes Bugeaud ; 1870, Reichshoffen, Rézonville, Sedan ; 1914, la Marne ; 1918, Uskub).

Quoi qu'il en soit, revenant au Grand Siècle, je laisse aux spécialistes des campagnes militaires le soin d'évaluer le niveau opérationnel d'une cavalerie remontée de la façon que j'ai décrite (31). Je verse au dossier ce jugement d'un  expert es-cavaleries du siècle des Lumières, le général de Warnery (32) : « Dans les services où les capitaines fournissent les chevaux, le soldat est meilleur palefrenier que cavalier ; une cavalerie n'y sera jamais suffisamment dressée aux grandes manoeuvres qui, ruinant bien des chevaux, le capitaine auquel ils appartiennent, est intéressé à les ménager (sic) ».

Une dernière remarque ; on peut penser qu'en obtenant, en 1690, le rattachement des haras à son département, Louvois aurait eu le projet de promouvoir un élevage orienté vers la production de chevaux aptes à faire la guerre, et de la développer à un niveau couvrant les besoins des armées. Il est mort trop tôt, et cette remarque restera une hypothèse. Mais on reparlera de cette question durant tout le XIXe siècle.

COLONEL DENIS BOGROS (E. R.)


NOTES :
1. Général Maxime Weygand, Turenne, Paris, 1929, p. 115.
2. Ce paragraphe a été rédigé grâce aux éléments que m'a fournis M. l'ingénieur en chef de l'armement Michel Decker ; je l'en remercie.
3. Voir Avis de fourniture de chevaux d'artillerie [Imprimerie nationale, première République.]
4. Fernand Braudel, L'identité de la France, Paris, 1986, t. III, p. 79.
5. Jacques Mulliez, Les chevaux du royaume, Paris, 1983, p. 68.
6. Ibid., p. 88. Au XVIIe siècle, la promotion de l'élevage du cheval se disait « le rétablissement des haras » ; haras signifiant : élevage de chevaux.
7. P. Clément, Histoire de l'administration de Colbert, Paris, 1846, p. 269, 419.
8. Arrest du Conseil d'Estat pour rétablir les haras dans le royaume, du 17 octobre 1665, le Roi étant présent.
9. J. Mulliez, op. cit., p. 19.
10. lbid., p. 71.
11. Le mot carrossier (cheval de carrosse) entre dans la langue française en 1589 (Dauzat). Le carrosse a été inventé au cours de ce siècle.
12. Caracole : forme du combat de cavalerie avec décharge des pistolets, imaginée (?) par les reîtres allemands à la fin du XVIe siècle. Voir J. Ullrich, La guerre, Paris, 1942 (4e édition). Sur l'étymologie, voir Ismaël Hamet, Revue indigène, avril-mai 1913, p. 323 : du verbe arabe « Kerra qui a servi à former l'expression El Kerr-u-el Ferr [...] mouvements successifs d'attaque et de retraite. Le verbe Kerkara a [...] le même sens [...] se retirer et revenir à la charge. Kerkara serait devenu [...] Kerkara et, par métathèse, Karakal, caracole... ». Ne pas confondre ce mot avec le caracol, air de manège.
13. J. Mulliez, op. cit, p. 101.
14. Hartmann, Traité des haras, Stuttgart, 1777.
15. Dictionnaire militaire ou recueil alphabétique de tous les termes propres à l'art de la guerre..., par M. A.D.L.C., dédié à Turenne, colonel général de la cavalerie légère, Paris, éd. 1745 (2 vol.) et Supplément (éd. 1746). Voir Recrues et Remontes.
16. Louis André, Michel Le Tellier et Louvois, Paris, 1942, p. 350, 352.17. André Corvisier, Louvois, Paris, 1983, p. 337.
18. Ibid., p. 80.
19. Ibid., p. 335.
20. Ibid., p. 327.
21. Dictionnaire militaire [...], t. I, p. 143 et Supplément, p. 251-252.
22. Ordonnance royale du 16 novembre 1650 « portant payement de la solde des troupes ».
23. Dictionnaire militaire [...], t. I, p. 251-252.
24. Une commission de généraux de cavalerie, réunie en 1810 par Napoléon Ier, fut appelée à se prononcer sur le cheval de troupe ; à la question relative à la « conformation exigée suivant l'arme », elle répondit : « La commission serait embarrassée de donner son avis à ce sujet », ce qui en dit long sur la confusion des esprits au sujet de la cavalerie sous le premier Empire, voir Camille Bidault, Les chevaux de Farinée sous la Révolution et l'Empire, Paris, 1909, p. 67.
25. Notons que la création des Hussards date, en France, de 1692. Ils seront comptés dans la cavalerie (voir Y. Barjaud, Les hussards, Caracole, 1988, p. 17). Par ailleurs, cet auteur confirme qu'à la fin du XIXe siècle la France était toujours et encore déficitaire en chevaux de selle de cavalerie légère. Il écrit (p. 128-129) que la loi du 25 juillet 1887 a prévu la création de six nouveaux régiments de hussards mais que, faute de ressources nationales en chevaux de selle légers, elle est modifiée le 18 février 1890 : seuls deux régiments de hussards seront créés ; les autres seront remplacés par deux régiments de cuirassiers et deux régiments de dragons, la France, on le sait, ne manquant pas de chevaux de voitures et de bidets. Telle est, jalonnée sur deux siècles, la maladie congénitale de l'élevage du cheval de selle de cavalerie en notre pays. Malgré ses interventions depuis 1665, l'Etat n'a jamais réussi à fournir en chevaux de guerre sa cavalerie avec la production nationale. Cela pose plusieurs questions, jusqu'ici ignorées.
26. Dictionnaire militaire […] t.I, p. 146.
27. Ibid., Supplément p. 479, 482-483.
28. André Corvisier, Louvois, p. 516.
29. Fernand Braudel, L'identité de la France, t. I, p. 303, 305, 310, 312.
30. Braudel cite Lévy et Schaub comme chefs de file de ces marchands. Les juifs ayant été émancipés dans le royaume de France au cours de la période 1790-1791 (voir Le monde juif, sous la direction d'Elie Kadourie, fonds Mercator, Anvers, 1980, p. 265-267) et étant devenus citoyens français, ces marchands ne seront donc plus cités par la suite en référence à leur religion. Ils conserveront, bien sûr, leurs compétences parmi les meilleurs marchands de chevaux. On sait que, pendant tout le XIXe siècle, après l'abrogation du décret de 1808 qui leur interdisait le commerce sans licence du préfet, leurs entreprises chevalines s'épanouiront avec le développement de la mode des chevaux de luxe et de course sous la Restauration. « MM. Drake, Crémieux, Aaron fournissent des chevaux à tout ce qui compte d'hôtes de marque, à leurs clients du faubourg Saint-Germain comme aux autres » (Nicole de Blomac, La gloire et le jeu, Paris, Fayard, 1991, p. 160). A la fin du second Empire, le capitaine Faverot de Kerbrech, qui devait porter les ordres à la cavalerie (6 divisions) le 11, septembre 1870 à Sedan, avait acheté le 20 août 1870 l'un de ses chevaux d'armes chez le marchand renommé des Champs-Élysées, Arthur Marx (général baron de Kerbrech, Mes souvenirs, 1870-1871, Paris, 1905, p. 45, 69, 72-73).
31. Général Boissau, « Uzès-Cavalerie... », dans Carnet de la Sabretache n° 102 E, 2e trimestre 1990. p. 41 : « L'armée du duc de Vendôme s'installa pour l'hiver de part et d'autre du Pô [...] Sa cavalerie comprenait cent quatre escadrons, mais elle était très affaiblie par les pertes et par la maladie qui s'était mise dans les chevaux, si bien que plusieurs régiments durent être rapatriés et remplacés. » On notera que, dans cette remarquable monographie, l'auteur démonte la « mécanique » du commerce des régiments et de leur fonctionnement intérieur.
32. Suisse ayant servi l'Autriche, la Prusse sous Frédéric II et la Pologne, le général de Warnery a écrit en 1763 des Remarques sur la cavalerie, publiées à Lublin en 1781, rééditées à Paris en 1828 : voir cette dernière édition, p. 60.

ACCUEIL   -   SOMMAIRE   -   JOURNAL DES NOUVEAUTÉS   -   BIBLIOGRAPHIE