Exercices scolaires
du Collège de l'Oratoire de Dieppe
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Exercice astronomique
par messieurs
les pensionnaires du Collège de Dieppe.
(1742)

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EXERCICE ASTRONOMIQUE
PAR MESSIEURS
LES PENSIONNAIRES DU COLLEGE DE DIEPPE.


MESSIEURS

LOUIS-NICOLAS-RENE RIGOULT DU BOCAGE, de Bertheauville.
JEAN-CLAUDE BARAGUEY, de Roüen.
LOUIS-ANTOINE HAMEREL, de Boulogne-sur-Mer.

Tâcheront de satisfaire aux Questions qu'on voudra bien leur faire sur les Artricles suivans, & feront les Démonstrations sur le Globe & sur la Sphère.

CE n'est point ici un Traité de Sphère aussi entier et aussi complet qu'on auroit pû attendre des Physiciens. Il y auroit de la témérité de vouloir à notre âge nous égaler à eux. Nôtre tour viendra. Pour à présent nôtre unique but a été de ne nous mettre au fait que de cette partie de la Sphère qui à rapport à la Géographie, & qui lui sert comme d'Introduction. Si  quelquefois nous semblons nous écarter, ce n'est quà cause de la grande liaison qui se trouve entre les notions de chaque partie de la Sphère, & les choses qui, au premier coup d'oeil, en paroissent étrangeres, & qu'il seroit honteux d'ignorer, vû le fréquent usage qu'on en fait dans la société. Voici l'ordre que nous suivons.

I.
De la Sphère en général et des Etoiles.

Après avoir rendu raison du titre de ce Programme, nous donnons la définition de la Sphère, d'où sans nous déclarer pour aucun systême, nous passons à l'arrangement de l'Univers, où nous trouvons belle matière à étendre sur les Etoiles. Nous en admettons de deux sortes, les unes appellées Fixes, & les autres Errantes ou Planettes. En sçait-on le nombre ? C'est une question dont la solution ne seroit pas aussi vrai-semblable que celle que nous donnons sur ce que l'on doit penser de l'Etoile qui apparût au Mages peu de temps après la naissance de J. C. Nous ne voulons pas non plus fixer celui des Constellations ; nous nous contentons de dire ce qui paroît de plus raisonnable sur les noms de chacune des douze qui sont sur le Zodiaque.

II.
Des Cercles de Sphère.

L'Equateur
Le Zodiaque
Les Deux Colures
L'Horison
Le Méridien,
Les Deux Tropiques
&
Les deux Cercles Polaires
sont les dix Cercles que nous reconnoissons dans la Sphère. Les six premiers sont nommez Grands, & les autres, Petits, pour les raisons connuës à tout le monde. Quelques-uns aussi sont dits Paralleles. Chacun de ces Cercles a son usage particulier, dont l'explication montre de quel secours est leur invention. Le second de ces Cercles ne mérite ce nom qu'improprement ; celui de Bande est celui qui lui convient. Mais au milieu se voit un cercle véritable appellé Ecliptique, qu'il est d'autant plus important de connoître, qu'il nous conduit à examiner ce que c'est que les Eclipses, & à en rechercher la cause. Les Astronomes s'attachent à celles de tous les Astres ; mais pour nous, nous nous en tenons à celles du Soleil & de la Lune, parce qu'elles sont les plus sensibles.

III.
Des Années Solaires & Lunaires.

On ne sçauroit bien comprendre la maniere dont se font les Eclipses, si l'on n'est au fait du Mouvement du Soleil & de la lune. Le premier en a deux, l'un, qui, parce qu'il règle nos jour, est dit Journalier ; et l'autre Annuel, parce qu'il fixe nos années. Les jours sont toûjours égaux, c'est-à-dire, de vingt-quatre-heures. (Il s'agit icy des Jours civils ou artificiels ;) mais il n'en est pas de même des Années. Et pourquoy ? La réponse est inséparable de la description du Cours du Soleil, aussi bien que de la cause des Chaleurs de l'Eté & des Froids de l'Hyver. La raison de cette chaleur dans l'Eté & de ce froid dans l'Hyver ne manquera pas de surprendre quelques personnes : Car comment, nous diront-elles, le Soleil étant plus loin de nous en Eté, ou, pour se servir de vos termes, étant dans son Apogée, la chaleur est-elle plus sensible qu'en Hyver où il fait si froid, quoiqu'il soit, dites-vous, dans son Perigée, c'est-à-dire, plus près de nous ? Une réponse courte et simple fera tomber cette difficulté. La Lune a-t-elle aussi son Apogée & son Perigée ? Il n'y a point de doute. Elle a aussi son Année comme le Soleil ; & si elle diffère de la Solaire, ce n'est que parce qu'elle est un peu plus courte.

IV.
De l'Epacte & des differens Cycles.

Peut-on accorder ces deux années ensemble ? Oüy, & cela par le moyen de l'Epacte. L'Epacte sert encore à faire connoître l'âge de la Lune quelque jour que l'on veuille ; & par la même occasion on peut sçavoir le tems des hautes ou des basses Marées. Mais comment trouver l'Epacte ? Par le Nombre d'Or. Qu'est-ce que ce Nombre d'Or ? D'où prend-t-il son nom ? Comment le trouve-t-on ? Et enfin comment sert-il à faire trouver l'Epacte ? Toutes ces questions sont aisées à résoudre ; aussi bien que celles qu'on peut faire sur le Cycle solaire, & sur l'Indiction, qui sont les mêmes questions. Il faut de plus sçavoir pour ce dernier Cycle ce que c'est que l'Ere ou au moins l'Ere Commune.

V.
Des différentes Positions de la Sphère.

Il ne faut pas s'imaginer que les Sphères & les Globes ne tournent & ne se changent que pour amuser ceux qui les tiennent. Non assûrément. Les différentes Positions dans lesquelles ont peut les mettre ont chacune leurs proprietez, dont les principales sont sans doute de faire voir comment chaque homme peut avoir son Zénith & son Nadir ; de nous aider à trouver la Hauteur du Pole d'un Païs, & concevoir pourquoy dans une Région les jours (que l'on appelle naturels) sont plus longs ou plus courts que dans telle ou telle autre. Dans ce jour nous ne comprenons point ce qui s'appelle Crépuscule ou Aurore. Mais pour réüssir dans ces opérations, il faut sçavoir monter la Sphère. La chose est-elle difficile ? Point du tout, pourvû que l'on connoisse les deux Poles du monde & ses quatre principaux Points.

VI.
De la Longitude, de la Latitude, des Zones & des Climats.

Ce n'est pas le seul avantage que nous procure la connoissance des quatre Points. Ils en ont encore un plus considérable. C'est, en déterminant la Longitude & la Latitude, de nous aider à voyager sur les Sphères & sur les Globes sans courir risque de nous égarer. Mai pourquoi, dira-t-on, mesurer le Monde par Longitude & Latitude, puis qu'étant rond, il n'est ni plus long ni plus large d'un sens que de l'autre ; et pourquoi aussi compter la Longitude d'Occident en Orient, & non selonl'ordre naturel, qui voudroit que se comptât d'Orient en Occident ? Pour répondre à cette objection, il faut remonter au tems des Anciens. Une chose qui contribue encore beaucoup à faciliter la maniere de mesurer le monde, c'est la division que l'on en a faite par Zones, & de la Terre par Climats. On se sert pour cela des Degrés.

VII.
Du Calendrier Romain.

Le rapport qui se trouve entre le Calendrier & ce que nous avons dit de l'Année Solaire & des différens Cycles, est le motif qui nous a engagé à ajoûter ici les remarques que nous y avons faites. Si nous avons choisi le Calendrier Romain préférablement à tout autre, ce n'est que parce que c'est celui dont nous nous servons, à la vérité avec quelques changemens ; ce qui ne peut manquer d'être, vû sa grande antiquité. Ce n'est qu'après trois Réformes, l'une par Numa Pompilius second Roy de Rome, l'autre par Jules César, & la troisième par le Pape Grégoire XIII, qu'il est parvenu au point où nous l'avons aujourd'hui.

VIII.
Des Mois, des Semaines, & de la maniere de compter les jours.

Le Calendrier est composé d'Années, les Années de Mois, & les Mois de Semaines. L'arrangement des Mois est le même qu'avant la dernière réforme ; & ils ont conservé leurs anciens noms,  qui ne leur ont pas été donné en l'air. Pour les Semaines elles sont beaucoup plus anciennes que les Romains, & les noms des jours dont elles sont composées ne sont pas partout les mêmes. La maniere dont nous comptons les jours de l'année est bien différente de celle des Romains. Nous suivons l'ordre naturel des Nombres, au lieu qu'ils comptoient en rétrogradant d'un Terme à l'autre. Car ils divisoient leurs Mois en trois Termes, qui étoient les Calendes, les Nomes & les Ides. Le premier de ces Termes ne changeoit jamais de jour ; mais les deux autres varioient selon les mois. Nous dirons, si l'on juge à propos, comment ils exprimoient en leur Langue, qui étoit la Latine, ces Termes, & les jours qui les suivoient ou les précédoient.

OUVRIRA L'EXERCICE
Monsieur JEAN-FRANÇOIS VULFRAN RIGOULT DE FENEMARE,
de Bertheauville, Pensionnaire.

Dans la Salle des Actes du College Royal des Prêtres de l'Oratoire de Dieppe,
le Mercredi XXVII Juin M. DCC. XLII, à deux heures apres-midi
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De l'Imprimerie de JACQUES-NICOLAS DUBUC, Imprimeur ordinaire du College.


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