Eugène Marsan
(1882-1936)

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Les Cannes de M. Paul Bourget
(1909)

Il ne chante,
ni ne danse, ni ne joue,
il est pour la conversation
.
VOLTAIRE

I

Olivier Sandricourt fit tourner entre ses doigts le grand verre étincelant, il tira de la bouche son cigare à la longue cendre, but une gorgée et parla :

— L'antichambre de M. Bourget, dit-il, est décorée de tableaux anciens. Des Longhis, que je n'ai pas bien regardés. Je dévorais des yeux ses cannes merveilleuses.

— Vous êtes donc si curieux, interrompit quelqu'un, nouveau venu qui ne savait pas que nous nous taisons beaucoup lorsque parle San­dricourt.

— Vous l'ignoriez ? Où je m'arrête, ce n'est pas de l'indiscrétion, mais encore une vertu. Je suis timide et enclin à gaffer, étant né sous l'Ecrevisse. Je me prépare en montant l'escalier, je me repens en descendant, et sur le seuil je cherche, en entrant, des signes. J'ai, comme tout le monde, mes sujets, dont chacun peut être traité sur deux ou trois tons. Je cherche à m'orienter. Dans le monde, l'essentiel est : primo, de ne pas rester bouche bée ; secundo, de ne pas avoir l'air de tenir à ce qu'on dit. Or, je suis passionné de bien des manières. Grande infériorité. Par prudence, je ne parle jamais archéologie ni littérature (1)... Je vous disais que M. Bourget a des cannes magnifiques. Toutes parfaites. Considérez que, pour ne point faillir, il faut un grand goût ou d'excellentes méthodes.

Nous nous mîmes à supplier notre ami d'entrer dans le détail.

— Ecoutez donc. Je n'ai pas établi un cata­logue. N'ayant passé chez M. Bourget qu'une seule fois, je n'ai qu'une idée générale de ses cannes. Vous vous rappelez comment Taine observe que l'idée générale de l'arbre ne représente aucun arbre particulier. Toutefois, par l'ima­gination, il est possible de reconstituer vrai­semblablement le beau faisceau, honneur de la rue Barbet-de-Joug. Du moins, je l'ai essayé.

Olivier Sandricourt fouilla son gilet. Il y prit une longue bourse de soie, un fume-cigarettes d'ambre vert, divers petits bijoux de poche, puis une mince pochette de maroquin noir, dont il tira quelques feuillets de cet illustre papier à la forme qu'il fait venir d'Espagne, qui lui coûte si peu.

C'était un manuscrit qu'il nous priait de lire, ce que je fis à mi-voix. Il portait ce qui suit.

Février 1907.

Remarques préliminaires. — Le jonc, le rotin et le bambou sont plantes de la même race (calamus rotang). La grande différence, entre ces fortunés roseaux, est dans leur émail et dans la longueur de l'entre-nœuds. Ils sont par là distingués les uns des autres, et dans les trois familles par la qualité. Il y a des joncs, des rotins communs, semblables à des parents pauvres. —Je distribue ma collection en joncs, rotins, bam­bous et divers.

LES JONCS

1° Un gros jonc de teinte moyenne, à pomme, d'écaille blonde. La sphère est liée au bois par un léger tore métallique.

2° Un jonc de moyenne grosseur, et clair, coiffé d'un petit fez d'argent, tronc de cône fixé contre la tige par la plus petite de ses bases.

3° Un autre, assez gros, rouge, terminé par une capsule d'or toute plate : la canne du général Boulanger.

4° Les mêmes, avec des pommes de cornaline, de chrysoprase, d'héliotrope, de jaspe sanguin, et des robes diversement teintées, diversement tachées.

Commentaire. Tous ces joncs sont mâles, bien entendu. Le jonc mâle se distingue par... Connaissez-vous cette courbe algébrique, car ce n'est pas le nom d'une danse, qui s'appelle la lemniscate ? Elle a, ou peut avoir, la forme d'un 8, dont le nœud serait acutangle. Tranchez la moitié de ce huit ou de cette lemniscate. C'est pour conclure, si vous en avez le front, que la section du jonc mâle est sensiblement hémi lemniscatique.

On a plutôt fait de prendre un crayon. Mais je ne méprise pas le plaisir d'avoir dit, même en termes baroques, ce qui, facile à concevoir, et qu'un enfant dessinerait, paraissait d'abord à peu près indicible.

LES ROTINS

1° Un rotin de moyen calibre, et bigarré, pareil à quelque serpent naturalisé ; la pomme, d'un vert sombre.

2° Le même, en clair, avec une sphère de cristal.

3° Plusieurs, de grosseurs différentes, nuancés comme des panthères ou plus unis que le Sahara, chacun pourvu de sa racine comme un être humain de sa tête singulière.

Remarque pour le second rotin. — Une petite fille qui vécut deux ans rue Henner, ci-devant rue Léonie, à Montmartre, puis disparut, m'a fait cadeau du plus joli rotin. Elle voulait qu'il lui ressemblât. Elle était elle-même de couleur beige, avec la taille la plus mince qui soit possible, pour vivre. Elle était née en lndo-Chine, d'un Français et d'une passante du pays. Elle avait dix-huit ans. Quelle vieille fera-t-elle, si elle ne meurt à l'hôpital ? Je lui lisais Maupassant, qu'elle aimait beaucoup, et les symbolistes, qui la déroutaient. Elle zézayait, ce qui avait bien du charme pour qui voyait en même temps un jeune corps tendre et arqué, une peau de mastic, plus brune encore aux jointures. On ne craignait pas de la briser, si souple qu'on goûtait l'illusion de l'avoir autour de soi enroulée. Elle était brillante et fragile, lunatique. A cette canne que j'ai d'elle, j'ai mis, par goût du symbole, la pomme de cristal que j'avais aperçue chez M. Bourget.

Ainsi, ce maître ne laisse-t-il pas d'être imité. Des ingrats sont allés clabaudant, ils le disaient démodé. Mais la roue des années tourne. Nous reposant sur le temps du soin de garder son œuvre, nous transmettrons à nos neveux la tradition d'une élégance pleine de dignité.

LES BAMBOUS

1° Deux crosses, jaune la première et l'autre brune. Flexibles. A la courbe, des traces de flamme.

2° Les mêmes, rigides. Autant de grosseurs que de cannes.

3° Pliants ou durs, leur racine cloutée d'or, d'argent, selon la teinte, ou toute nue : pailles du royaume de Brobdignac.

Commentaire. — Quand on a dit jaune, brun, clair, foncé, les nuances demeurent innombrables. Songeant à la robe d'un cigare, je propose que nous disions à l'avenir un bambou claromaduro, etc. ; voilà, pour les sombres, toute une gamme. Pour les jaunes, cherchons aussi des épithètes : paille, canari, lupin. Les lupins sont de petits fruits salés d'Espagne et d'Italie. Ils ont une couleur plus brillante que l'or, et la saveur de la mer.

DIVERS

1° Quelques crosses d'olivier, caroubier, oranger, myrte, laurier — baguées ou non.
2° Quelques sticks, l'un d'eux garni de cuir fauve et, classiques, des cravaches.

Conclusion. — J'ai réservé le cas privilégié de la mailloche : corne, bois de cerf, ou ce que vous voudrez.

La mailloche fait penser aux armoiries de ce fameux Colleone, dont la statue est à Venise, en face l'église des saints Giovanni et Paolo.

Revenue à la mode, cette canne va fort bien avec nos paletots cintrés et nos chapeaux. Pour abréger mon vocabulaire intérieur, je l'appelle la canne de M. de Broglie. Celle que possède M. Bourget est-elle d'aujourd'hui ou vieille ? Je penche pour la seconde hypothèse.

Naturellement, je vous accorderai qu'elle est laide, qu'elle n'est ni belle ni laide, si vous me venez parler de vraie beauté, — du marbre de la Vénus de Milo. Je la tiens seulement pour le modèle de ces objets qui ne sont pas faits pour orner jamais aucun musée, mais qui, pour avoir été établis avec des matières simples, éprouvées et rares, par des ouvriers adroits, sont la parure de la vie quotidienne. Les initiés se reconnaissent entre eux à des perfections de cet ordre, le grain du costume, la toile et la pointe du faux-col.

J'ai un ami qui sortit un jour avec une canne de verre coloré. Sur mes représentations, il laissa chez lui cet instrument de panoplie.

Il la remplaça par une bande levée sur le cuir d'un hippopotame. Imaginez une immense aiguille à tricoter, en celluloïd. Je menaçai de ne plus lui adresser la parole.

C'est dire que la simplicitè a partout mes préférences.

On peut arriver à la simplicité par purisme et raffinement. L'on peut s'y tenir par bonhomie ou sévérité. Quelle que soit la cause, il est un surcroît de recherche dont M. Paul Bourget semble faire fi. Point de ces coquetteries archaïques, chez lui, qui risquent aussi bien de tourner au pastiche, au carnaval. Point de ces trouvailles non plus, chanceux effet d'un indi­vidualisme sans bride. J'aimerais pourtant un peu plus d'invention et de caprice. Qui se garde seulement de l'excès hasardé. Quoi de plus joli, par exemple, qu'un lacet de soie ou de cuir fin passé à l'œillet d'un jonc, dont le bout soit de corne, et la pomme une pierre sombre ? M. Bourget aura ce jonc, il aura cette pierre, il aura deux, trois joncs. Il dédaigne ce lacet qui pourtant (2)...

II

Le texte d'Olivier Sandricourt finissait de cette manière indolente.

— Votre tableau me plaît, lui dis-je, mais sur quelle apparence croyez-vous que la canne à mailloche de M. Bourget ne soit pas toute neuve ? Pourquoi ne voulez-vous pas qu'il l'ait récem­ment achetée chez Brigg et fils, ou rue Royale, ou chez Antoine.

— Quelle longue histoire ! Et mon verre est vide.

Il se fit servir du porto, le goûta, et brusquement :

— Faisons comme l'Intimé. Vous rappelez-vous, ma classification des élégants de notre époque ?

Le nouveau venu, qui ne paraissait pas très intelligent, voulut qu'on le renseignât. Sandricourt y mit une complaisance qui, dans le moment, nous surprit. Mais notre jeune compagnon, alors bachelier tout frais, devait acquérir dans la suite une célébrité par les femmes. Sandricourt avait-il deviné ce glorieux destin ? Il déclara patiemment :

— En France, quelques centaines d'hommes sont les mieux habillés de l'univers. A cette exception près, nos compatriotes s'habillent assez mal, ils méprisent l'homme bien mis qu'ils jugent efféminé. Pour sentir combien cette idée est fausse, il suffit de nommer le cavalier Lassalle, le roi Murat, le duc de Richelieu. Mais un dédain si téméraire vous paraîtra normal si vous vous rappelez certain passage de Casanova. Je le sais par coeur.

« Un gouvernement aristocratique (comprenez : non monarchique) ne peut aspirer à la tran­quillité qu'autant que l'égalité se maintient entre les aristocrates (traduisez : les députés, les jour­nalistes, les gens de lettres, etc...) et il est impos­sible de juger de l'égalité, soit physique, soit morale, autrement que par les apparences : d'où il résulte que l'individu qui ne veut pas être persécuté, s'il est mieux que les autres, doit faire tout son possible pour le cacher... Il doit se tenir mal, se mettre plus mal encore, n'avoir rien de recherché, faire mal les révérences, ne point se piquer d'une politesse exquise, faire peu de cas des beaux-arts, cacher son goût s'il l'a bon, porter une perruque mal peignée et être un peu malpropre. » (Mémoires, tome I, édition Garnier.)

Casanova est ce qu'il est, fanfaron, cynique, débauché, roué. Il a de bons yeux. Comprenons la sagesse de M. Pelletan : il ne veut pas que son mérite soit méconnu comme celui de M. Dolfin dans les conseils de la Sérénissime.

Les Français que j'ai dits, qui acceptent de courir ce risque, ou qui n'ont point d'ambition, sont, comme nos pères du XVIIIe siècle, inégalables. L'uniforme anglomanie ne les a pas subjugués. Ils ont plus de discrétion, une ori­ginalité, une variété que l'on chercherait vai­nement en d'autres lieux. Ils se ressemblent moins entre eux que les élégants des autres pays, et il me semble que l'on voit ici quatre manières au moins, assez distinctes.

A. La furia francese. Apogée pour le XIXe siècle, au second Empire. Petit chapeau sur l'oreille ou sur les sourcils, à la manière du tricorne qui est vraiment notre coiffure nationale. Danse, galanterie. La main aux dames... Exemple contemporain : M. Boni de Castellane (voir les dessins d'Albert Guillaume et de Crafty).

B. L'imitation anglaise ; plus récemment, américaine. Mais subtilement remise au point (voir certains dessins de Sem : gens de plein air, cavaliers).

C. La correction pure, surveillée, raffinée, sublimée, avec ses deux partis :

a) De ceux qui sont avant tout cossus : agents de change, la Bourse en général, grands pro­priétaires provinciaux, grands industriels, grands noms, vieux hommes de cheval (voir d'autres dessins de Sem).
b) De ceux qui peuvent dédaigner les mou­vements de la mode parce qu'ils les devancent et même, en partie, les créent. Les inventeurs. Leur bonne grâce se prête mal à la caricature. Les gens de lettres, les artistes, lorsqu'ils se mêlent de ces choses, se distribuent entre cette catégorie et la suivante, quand ils ne tiennent aux deux.

D. Le dandysme hystorique (voir les dessins de Bernard Boutet de Monvel). Je range là tous ceux qui, pour s'inspirer volontairement des grands lions du XIXe siècle, trouvent dans l'archaïsme un sujet de nouveauté. On doit à cette classe et à son influence tant de lacets ornant les cannes, nos tailles marquées, notre chapeau cambré.

— ...

— Vous pensez que ma classification est arbitraire. Parbleu ! N'est-elle pas commode ? Un exemple, et difficile ?

— M. Marcel Boulenger.

— Un homme un peu compliqué peut tenir à tous les quatre groupes. Les catégories ou qualités étant représentées par des lettres, ayons des coefficients, dont la somme constante égale 80. Dans ce système, la mise, et la manière de M. Marcel Boulenger seraient traduites par la formule 30 A + 15 B + 25 Cb + 10 D. Pour M. Bourget, sa formule est 15 A + 50 Ca + 15 D. Elle convient à son âge, à son état, à sa fortune. Vous voyez bien qu'il n'a pas voulu du haut-de-forme trop nou­veau. Il a gardé le sien à la française, un peu juste, qui donne un air dégagé. S'il avait acheté maintenant cette canne, objet final de toute ma parlerie, il est croyable, qu'il aurait pris en même temps, noir et gris, notre profond chapeau. Concomitances de la mode, de l'âge et du goût : il est difficile de les motiver, il faut les sentir. Je conclus que M. Bourget a depuis longtemps une canne à mailloche.

— Pardonnez-moi, fit le nouveau. Un homme comme M. Bourget, voulez-vous qu'il s'amuse à suivre les pas bizarres de la mode ? Quelle pitié !

J'étais outré. Mais Sandricourt :

— Je dis précisément le contraire..... Notre jeune ami nous croit snobs, c'est-à-dire jobards, en bon anglais. Laissez-moi lui montrer les choses. Sous prétexte que je suis philosophe, vais-je me priver de connaître les objets frivoles ? Il est vrai qu'il ne faut pas y perdre trop de temps... Ayez des yeux qui voient vite. Des regards pour tout, pour le salon et pour le bouge. Un parti pris de clairvoyance, n'est-ce pas ce qui nous plaît dans Stendhal ? Quand, sur l'oreiller, nous fermerons les paupières pour toujours, nous serons mécontents si nous ne pouvons nous dire : tout ce que j'ai regardé, je l'ai bien vu.

Voilà du lyrisme. Mais nos propos, s'ils sont jamais recueillis, pourront servir à l'historien futur de nos lettres qui voudra traiter des rapports du roman et du monde à la fin du XIXe siècle.

Il se fit un silence, que Sandricourt voulut rompre.

— Une question pour finir... Je vous permets de rire de mes visions. Savez-vous pourquoi Casal, le fameux lion de Bourget, qui avait plus de cent paires de chaussures dans une vitrine, par lui nommée sa bibliothèque, savez-vous, dis-je, comment Casal s'est appelé Casal ?

Imaginez une promenade de M. Bourget sur les boulevards lorsqu'il enseignait encore la philosophie. Il roulait dans sa tête vingt projets, ses grands livres. On ne peut songer sans émo­tion à la jeunesse des grands hommes, lorsque, méconnus et froissés, ils portent tout seuls avec inquiétude le poids de leurs pressentiments. Vous représentez-vous Pascal enfant ? Stendhal à Grenoble, boudeur difficile ? Maurice Barrès dans la cour du lycée de Nancy ? Charles Maurras à quinze ans frappant du talon les pierres d'Aix-en-Provence ? Imaginez le jeune Bourget sur le trottoir de droite, entre la place de l'Opéra et les Variétés. Il ne cesse d'élaborer des pensées. Soudain, il s'arrête à la devanture d'un magasin où sont étalés des chefs-d'œuvre de cannes. Il est ravi, frémissant. Fier d'entendre aussi bien qu'une page de Kant les raffinements du haut luxe, ce que l'on pourrait appeler la casuistique de Brummell. Et il lit un nom. Il lit, sur l'enseigne, le nom de Cazal (3).

Longtemps après... Il écrit Un Cœur de femme. Le plus dandy de ses héros n'a pas encore d'état-civil. Le romancier cherche. Il a en tête des images fastueuses, chatoyantes : Opéra, Café Anglais, chevaux anglais, le Bois, l'argent des harnais, la courbe dans l'air du chapeau qui salue, la main gantée, la canne que tient cette main... Il nomma Casal l'enfant de son esprit.

Acceptez l'hypothèse de cette association d'idées elle est si vraisemblable, si digne d'être vraie (4) ! L'on y découvre l'un de ces replis de l'âme où vérifier une vocation. Bourget est en sympathie avec ces mêmes cœurs mondains qu'il veut étudier. Il les aime et les comprend jusque dans leurs colifichets. Cette faiblesse, mettons cette faiblesse, dont il est le premier à sourire, ne l'empêche pas de savoir, comme personne avant lui, que la sensibilité, trop choyée, ou tenue trop en bride par réaction, que la passion nuancée par tant de convenances et multipliée par l'oisi­veté, les problèmes du cœur peuvent alors se remêler inextricablement, pour le plaisir du psychologue... Et voilà de la critique à propos de bottes.

Sandricourt se tut, la conversation prit un autre cours.

Les heures avaient fait un pas. Une foule de jeunes personnes nous avait envahis, toutes vêtues en ce printemps de 1907 de longues jaquettes la plupart rayées. Les chapeaux, des cloches ombrant les yeux. Et ces robes claires, ces fleurs sur les petites têtes, faisaient avec l'acajou rectiligne du bar, l'on ne savait quelle disparate.

C'est, dit Sandricourt, le XVIIIe siècle en visite chez Edgar Poe, devenu fabricant d'automobiles et milliardaire.

L'immobile électricité blanchissait le visage délicat des femmes.

1908


NOTES :
(1). Olivier Sandricourt est archéologue de profession. Il a un goût littéraire assez fin mais précieux.
(2) Les lacets de cannes, vulgarisés par la suite, étaient alors à leur début, introduits par quelques délicats archaï­sants, dont Sandricourt. Celui-ci était tout feu tout flamme, tandis que M. Bourget, par expérience, se défiait (note de 1922).
(3) Cette élégante boutique a disparu. (Note de 1922.)
(4) Elle l'était. Les propos de Sandricourt ayant été impri­més à 300 exemplaires pour ses amis, M. Bourget eut l'obli­geance de la confirmer dans une lettre datée du 25 février 1909, qui sera précieuse aux bibliophiles. (Note de 1922.)

(texte non relu après saisie. 23.03.08)

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