PEUIL
& PUNCE
Ain
joû, Peuil et
Punce v'lèrent aller glaner. Qua i feurent pa lo chas, lo
v'la
que veirent ine grousse niâïe que
v'nôt. Peuil
deit à Punce « I va pleuvé, faout n'a
r'naller.
Mé, j'areuil bée me hâter : je ne
marche mé (1) veite, j' s'reuil toûjou mouillie ; j'm'a virâ
tout bellotema (2).
Té, r'va-t'a à tout per té (3) ; t'ais do grandes
jambes,
t'erriverais chie nô ava lé pleuje, et t'ferais lo
gaillées (4) a m'attada. »
Punce se môt a route, saouta, saouta. Elle feut
bitoû
à la mâson. Elle rellumé l'feuil, elle
apprôté lo gaillées et elle lo
moté
cueïre da l'chaoudron. Ma v'là qu'a lo remia, elle cheusé (5)
d'dâ et s'y nia.
Ain peuou aprée, Peuil ratre : « Ah!
qu'j'â frô ! qu'j'â frô !
j'seuil tout mouillie. Punce, vérousque t'ie ?
Vinâ m'baillée do gaillées ; j'lo
mingerâ a m'rachaouffa. » Ma l'avô
bée crier : Punce ne rapondôme. I
s'moté à la chercher, et voïa qu'elle
n'atôtome tout là, i peurné ine
cûyie e i tiré ine assiettaïe de
gaillées. Ma v'là qu'à lé
proumère cûriaïe, î croque
Punce. « Ah ! quée malheur ! Punce o
croquaïe ! Qu'o ce quo
j'vâ feïre ? Je n'reste mé tout cei , j'
m'a vâ. »
Qua i feut da lé rue, i
parté pa l' Val-Deyé (6). I passé d'va
ain voulot ; l' voulot lî deit : « Qu'o ce que t'ais don, Peuil ? »
- «
Punce o croquaïe. »
- « Eh bé ! mé, j'm'a vâ
charrie (7). »
Qua i feut d'va chie l'père Vaudin (8), l'couchot lî deit
« Qu'o ce que t'ais don, Peuil ? »
- «
Punce o croquaïe. »
«
Voulot charrie, »
- « Eh bè ! mé, j'm'a vâ chanter. »
I r'tourné pa d'vée chie Loriche (9) ;
l'fourmouaïe lî deit « Qu'o ce que t'ais don, Peuil
? »
- « Punce o croquaïe.
Voulot charrie,
« Couchot chante. »
- « Eh bé ! mé, j'm'a vâ
danser. »
Ain peuou pû lon, l'atôt à
coûté d'la mâson d'meussieu Sourdat (10),
que faïôt d'l'oueïlle. Y avôt ine
femme que sortôt avo deuou bouïrottes (11). La femme lî
deit : « Qu'o ce que t'ais don, Peuil ? »
- « Punce o croquaïe,
« Voulot charrie,
« Couchot chante,
« Fourmouaïe danse. »
- « Eh bé ! mé, j'm'a vâ
casser mo deuou bouïrottes. »
Ainco pû lon, i s'trouvé pré deuou Grand-Four (12). Tout
jeustema, l'père Quentin (13) l'chaouffôt pou
affourner l'pain et i r'miôt l'boû que
brûlôt avo s'feurgon. L'père Quentin lî
deit : « Qu'o ce que t'ais don, Peuil? »
- « Punce o croquaïe,
« Voulot charrie,
« Couchot chante,
« Fourmouaïe danse,
« La femme é cassé so deuou
bouïrottes. »
- « Eh bé
! mé, j'm'a vâ
t'fourrer m'feurgon aou cû. »
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POU &
PUCE
Un jour, Pou
et Puce
voulurent aller glaner. Quand ils furent par les champs, les
voilà qui virent une grosse nuée qui venait. Pou
dit
à Puce : « Il va pleuvoir, il faut nous en
retourner. Moi,
j'aurais beau me hâter : je ne marche pas vite, je serai
toujours
mouillé ; je m'en irai tout doucement. Toi , retourne-t-en
toute
seule, tu as de grandes jambes, tu arriveras chez nous avant la pluie,
et tu feras les gaillées (4) en m'attendant. »
Puce se mit en route, sautant, sautant. Elle fut bientôt
à
la maison. Elle ralluma le feu, elle appréta les
gaillées, et elle les mit cuire dans le chaudron. Mais
voilà qu'en les remuant, elle tomba dedans et s'y noya.
Un peu après, Pou rentre : « Ah ! que j'ai froid !
que j'ai froid ! je suis tout mouillé. Puce, où
est-ce que tu es ? Viens me donner des gaillées ; je les
mangerai en me réchauffant. » Mais il avait beau
crier, Puce ne répondait pas. Il se mit à la
chercher, et voyant qu'elle n'était pas là, il
prit une cuiller et il tira une assiettée de
gaillées. Mais voilà, qu'à la
première cuillerée, il croque Puce. «
Ah! quel malheur ! Puce est croquée
? Qu'est-ce que je vais faire ! Je ne
reste pas ici, je m'en vais. »
Quand il fut dans la rue, il partit par le Val-Derrière (6).
Il passa devant un volet : le volet lui dit : « Qu'est-ce que
tu as donc, Pou ? »
- « Puce est croquée. »
- « Eh bien! moi, je m'en vais battre. »
Quand il fut devant chez le père Vaudin (8), le coq lui dit
« Qu'est-ce que tu as donc, Pou ? »
- « Puce est croquée. »
« Volet bat. »
- « Eh bien! moi, je m'en vais chanter. »
Il retourna par devant chez Loriche (9) ; le fumier lui dit «
Qu'est-ce que tu as donc, Pou ? »
- « Puce est croquée.
« Volet bat.
« Coq chante. »
-- « Eh bien! moi, je m'en vais danser. »
Un peu plus loin, il était àcôté de la maison de M. Sourdat (10), qui faisait de
l'huile. Il y avait une femme qui sortait avec deux cruches. La femme
lui dit : « Qu'est-ce que tu as donc, Pou? »
- « Puce est croquée,
« Volet bat,
« Coq chante,
« Fumier danse. »
- « Eh bien! moi, je m'en vais casser mes deux cruches.
»
Encore plus loin, il se trouva
près du Grand-Four (12). Tout
justement, le père Quentin (13)
le chauffait pour enfourner le pain, et il remuait le bois qui
brûlait avec son fourgon. Le père Quentin lui dit
: « Qu'estce que tu as donc, Pou ? »
- « Puce est croquée,
Volet bat.
« Coq chante,
« Fumier danse,
« La femme a cassé ses deux cruches. »
- « Eh bien! moi, je m'en vais te fourrer mon fourgon au c...
»
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